Désobéissance des enfants : Entre Sanction éducative et punition

En Afrique et particulièrement au Bénin, la punition intervient pour faire respecter les règles transgressées, faire subir le châtiment corporel à l’enfant compte tenu de la faute commise, faire régner l’autorité des parents, amener l’enfant à se corriger etc.…Des punitions morales et corporelles qui sont malheureusement au cœur du vécu quotidien de plusieurs enfants et qui handicapent leur épanouissement et développement. Mais fort heureusement, de nouvelles théories en matière d’éducation de l’enfant ont vu le jour et préconisent le choix judicieux des sanctions éducatives plutôt que des punitions. Entre le bâton, les injures, les punitions, les conseils et les privations, quelle est la méthode appropriée de sanction éducative qui doit primer pour atteinte des objectifs souhaités, celui du changement positif de comportement chez l’enfant.

Tout comme Roland âgé de 09ans, Chaque jour, est un risque de punitions de la part des parents ou des membres de la famille pour tous les enfants. Aujourd’hui, Roland vient encore d’en avoir une. En plus d’être enfermé seul au salon pour une heure de temps sans jeu, ni télévision, il doit faire la chauve-souris pour vingt minutes devant sa mère. Et pour cause, il vient de dégonfler son ballon acheté il y a 24h. Hier, c’était le chaton qu’il a frappé avec des brindilles de balai. Sa maman à bout de souffle n’en peut plus. A force de le taper tout le temps, on dirait que Roland est devenu insensible au châtiment corporel. Ces cas sont légions dans la majorité des foyers. Et si pour une faible proportion de parents, la réponse au comportement indélicat d’un enfant est tolérance et sanction éducative, pour la grande majorité, c’est essentiel de sévir, punir ou de faire mal.

Que choisir alors entre Punition ou sanction éducative lorsque l’enfant n’obéit pas ?

L’éducation a une époque récente était avec dureté, elle nous rappelle : des coups, des ligotes d’enfants, des fessées sur table, des privations de nourritures, u véritable châtiment corporel que ce soit à l’école ou à la maison. Des milliers d’enfants ont perdu la vie à travers cela. Les domestiques, n’en parlons plus. C’était un héritage de la vieille tradition. L’équation était simple : Quand il y a désobéissance, il faut taper dur ! Des punitions le plus souvent infligées à un enfant pour l’empêcher d’avoir à nouveau le même comportement indélicat. L’objectif étant de faire mal tant que les règles ne sont respectées. On punissait toujours un enfant pour une faute commise qu’elle soit moins grave ou non, parfois selon l’humeur et la volonté du parent.
Mais de nos jours, plusieurs parents doivent commencer par tourner dos à cette pratique plutôt radicale. Les sévices, même avec les domestiques sont à bannir. Plusieurs recherches scientifiques dans le domaine de l’éducation familiale recommandent à tous parents d’opter plus pour les sanctions éducatives plutôt que les punitions. La punition étant donc l’action de punir, d’infliger un châtiment, une privation, de faire subir une peine pour une faute commise. Son objectif est de faire mal à l’enfant à cause de la faute commise, mais qui généralement, n’a aucun rapport avec la faute en question. Elle a pour objectif principal de faire vivre un déplaisir à l’enfant de sorte qu’il n’ait plus envie de reproduire le comportement indésirable par crainte d’être puni à nouveau. Ligoter l’enfant, le laisser affamé toute une journée par exemple, ça revient à dire : « Tu as eu un comportement qui me déplaît, alors je vais faire quelque chose qui te déplaît fortement afin que tu ne recommences pas. » cette façon de voir les fautes des enfants amène les parents à se mettre en position de vengeance. Dans certains cas, on veut également que l’enfant « paye » pour avoir désobéi et, bien souvent, les punitions sont données par l’adulte sous le coup de la colère. On applique alors une forme de discipline basée sur la peur. L’enfant obéit alors parce qu’il a peur des punitions. Il faut avouer que ces méthodes à grands préjudices sont malheureusement utilisées dans plusieurs familles, garderies et surtout en milieu scolaire. Ce qui freine l’épanouissement et le développement des enfants.

Par contre, la sanction éducative est une mesure corrective contraignante qui a pour but de sensibiliser l’enfant concernée par la transgression d’une règle bien établie. Elle favorise l’apprentissage afin d’induire la correction du comportement par une meilleure prise conscience des conséquences de ses actes. C’est une mesure réparatrice qui amène l’enfant à se rendre compte de son erreur et à la réparer s’il le faut.
Exemple : amener l’enfant à lui-même recoller la couverture de son livre qu’il a déchiré, au lieu de le frapper et de réparer soi-même.
Pour Patrice Huerre, le pédopsychiatre, les parents de la jeune génération doivent trouver le juste milieu, un équilibre entre les deux excès : trop de sévices et trop de largesse. Car les deux extrêmes ne règlent aucun problème. L’un, emprisonne l’envie, le sentiment, la joie de vivre, l’estime de soi, la vraie personnalité de l’enfant, et l’autre fait un enfant qui se croit tout permis.

Aujourd’hui nous devons plus opter pour les sanctions éducatives que les punitions car, éduquer, c’est responsabiliser. Et les meilleures sanctions éducatives seront celles qui serviront à cette responsabilisation. La psychologue Anne BACUS propose d’anticiper : « je veux que tu ranges ta chambre. Si tu ne le fais pas, tu rangeras aussi le salon. » Il s’agit d’inciter l’enfant à aller dans le sens d’une obéissance raisonnée. C’est cela la sanction éducative.

Que devons nous comprendre en matière de correction ?

L’objectif de cet article n’est pas de demander au parent de cesser les punitions mais de prendre conscience d’un certain nombre de réalités pour pourvoir corriger judicieusement l’enfant qui est en faute.
-  Les punitions de quelques types qu’elles soient, ont souvent de conséquences sur l’enfant. Qu’elles soient positives, négatives ou neutres. C’est heureux que l’objectif de nos jours ne soit plus souvent de frustrer mais plutôt d’enseigner à l’enfant à faire des choix et à les assumer (surtout dire la vérité). Si le fait de rappeler fréquemment à l’enfant ses erreurs, de lui montrer vos incessants états de colère et de déception face à ses désobéissances l’affecte bien peu, n’ayez aucune crainte, il n’est pas pour autant égoïste. Selon les psychologues, c’est simplement que les zones du cerveau lui permettant de se mettre à la place des autres ne sont pas encore complètement formées. Et le temps que son cerveau ne permette une meilleure collaboration, il agit bien souvent par recherche de plaisir et ne freinent son élan que lorsqu’il craint les conséquences désagréables. Les discours et les remontrances n’auront probablement donc aucun effet sur lui en cette période. A cette étape, il est peu empathique. Ce n’est que vers l’adolescence que la plupart des enfants commencent par agir par principe, à avoir le sens des valeurs et à tenter d’éviter de décevoir les autres. Il faudra donc aux parents de cesser de répéter et de les sermonner. Mais plutôt agir dans le sens de la sanction éducative.


-  Toutes les formes de châtiment ayant recours à la force de l’adulte agissent de façon négative sur l’enfant et nuisent à la discipline. Un tel geste stoppe, certes pour une première fois le comportement mais ne garantit pas que cela cesse définitivement.

-  Les insultes, les paroles blessantes prononcées à l’égard d’un enfant n’enseignent pas le respect que vous lui réclamez.

-  Un enfant trop obéissant est un enfant qui va mal. La vie du tout petit enfant rime avec, crier, explorer, pleurer, dire non, jouer etc. mais quand c’est tout le contraire, il faut se poser des questions

-  La répétition de la punition amène l’enfant à ne plus en avoir peur. Et là c’est la discipline qui prend un coup. Quand vous passez votre temps à taper, il n’a plus peur du bâton. Et deviendra sélectif par rapport à tout ce que vous lui apprenez pour son éducation

-  Le parent doit garder en tête les étapes du développement chez l’enfant. Pour comprendre son enfant il faut savoir connaitre le niveau de son développement physique et psychomoteur.

-  L’utilisation régulière de mesures punitives a souvent pour effet de faire augmenter la colère et le désir d’opposition chez l’enfant. À la longue, la relation adulte/enfant peut dégénérer en guerre de pouvoir et l’enfant risque de se percevoir de plus en plus négativement.
Agir ne signifie pas forcément punir. Pour le pédopsychiatre Jean Louis le RUN, « le meilleur moyen d’éviter la réaction brutale, c’est d’envoyer l’enfant dans sa chambre ». D’aucun parleront de système de « blanc », mais ce que l’on ne sait pas, est que cette technique laisse à l’enfant le temps de réfléchir à son comportement et au parent de s’interroger sur la nécessité et le choix de punir. On peut choisir d’en discuter avec l’autre parent pour ne pas agir avec excès.
Si nous voulons préserver la relation parent-enfant, instaurer une relation de confiance, aide à établir les bonnes bases. Chaque personne du foyer doit se sentir respecté. Qu’il s’agisse des parents ou de l’enfant. Cela permet d’installer une relation solide et durable entre tous les membres. C’est aussi important de formuler des directives conditionnelles et positives comme :
-  tu pourras t’amuser après avoir finir ta tâche ménagère.
-  Tu pourras pendant les vacances nous accompagner à la plage si tu travailles bien à l’école ;
-  tu pourras jouer avec ton ami lorsque tu auras fini ton petit déjeuner.
Il faut éviter au maximum les formulations négatives tel que :
-  « Si tu ne manges pas, tu n’iras pas au dehors ! » ;
-  « Si tu ne finis pas ta tâche ménagère, tu n’iras pas t’amuser » ;
-  « Tant que tu ne finiras ton repas, tu ne feras pas du vélo »

Les mesures réparatrices

Les mesures réparatrices visent à responsabiliser l’enfant par des moyens concrets ou des actions positives. Exemple : l’enfant présente des excuses à une personne offensée, répare un objet cassé, remet de l’ordre dans une pièce dérangée, nettoie un meuble sali… Il faut préciser que cette mesure de présentation d’excuse n’est pas trop adaptée aux tout-petits qui n’ont pas encore la notion de responsabilité et qui se défendent.
Dans les autres cas comme un retard, une insulte ou un mensonge, le parent ne doit pas réprimer de la même façon : l’échelle de punition doit rendre compte de l’échelle de gravité des fautes et de l’échelle des valeurs posées par les parents.
A tout âge, les privations sont les sanctions les plus efficaces selon Jean louis RUN. Il propose que cela vise les activités stériles comme la télé, les jeux, les sorties mais pas celles qui lui sont vitales ou qui lui permettent de s’épanouir comme la nourriture, le sport. Concernant les tout-petits l’attention et la présence de leurs parents étant leurs principales satisfactions, il leur suffit d’en être priver quelques minutes pour se sentir très punir indique le psychologue Daniel Marcelli. Aux punitions classiques s’ajoutent celles que les parents sauront inventer. L’essentiel selon jean louis le RUN, est que la punition reste rare et ne doit venir qu’en ultime recours quand le rappel de la règle et les explications n’ont pas suffi.
Ce faisant, il est essentiel de permettre à l’enfant de préserver son estime personnelle. En exécutant sa punition, on doit sentir que l’enfant a un réel plaisir de réparer son erreur. Là on pourra être fier d’avoir atteint son objectif.

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